Jeanne-Pharelle 5ème année de Médecine au Burkina Faso

Témoignage du 1er Décembre 2024

La petite source qui est devenue en fleuve. J’étais d’abord une petite source et qui a petit à petit grandi et qui est devenue en fleuve aujourd’hui. Et si Dieu me fait la grâce de vivre, je deviendrai une mère, ensuite un soignant.

Voilà, tels sont les buts de ma vie. Celui qui me fortifie, je rends énormément grâce à Dieu pour ce que je suis pour ce que j’ai pu avoir, sans rien demander. Dieu m’a tout donné sans pour autant que je demande quelque chose. Dieu m’a tout donné sans pour autant que je lui demande et ce, par le biais de Marseille Centrafrique Solidarité. Cette association à qui je dois tout. C’est grâce à ces gens merveilleux que je suis passée d’une petite source à un fleuve aujourd’hui. Parfois, je réfléchis et je me demande ce que je pourrais offrir à MCS à la hauteur de ce qui a été fait pour moi parce que ce que MCS m’a donné, n’a pas de prix. C’est énorme, c’est inestimable !

Vous m’avez pris toute petite. Vous m’avez aidé, vous m’avez soutenu, vous m’avez encouragé, vous m’avez accompagné, et je ne sais comment remercier. Je me bats, jour et nuit.

J’étudie, j’étudie, j’étudie !

Je me mets à fond dans les études, pas que pour moi parce que je sais que si je deviens le grand docteur, si je soutiens ma thèse de doctorat et que j’obtiens ce diplôme, ça ne sera pas non seulement pour moi mais pour MCS, parce que je vous aurai rendus fiers de moi. Il m’ arrive parfois d’être tellement découragée au point de me dire non je vais abandonner…

Mais je me lève, je regarde autour de moi, je pense à vous, à vos efforts, je pense à la façon dont vous avez confiance en moi et que vous croyez en moi. Alors, je me dis non, je dois me relever. Je n’ai pas le droit d’abandonner, je dois aller jusqu’au bout parce que très sincèrement, les études en Médecine, c’est tellement frustrant. Au point où il y a des jours où je doute de ma propre intelligence ! Déjà j’ai du mal à croire que moi-même, je suis intelligente parce que sincèrement, je perds très facilement confiance en moi. Il suffit d’une petite chose incomprise, d’une mauvaise note, pour me faire douter de ma capacité intellectuelle. Je sais pas comment qualifier ça … Comment des mauvaises notes peuvent me faire douter, alors même que ce ne sont pas de très mauvaises notes : lorsque j’ai 11 ou 12, je considère ça comme étant de mauvaises notes parce je vise toujours haut. Chaque début d’année, j’ai déjà tout établi dans ma tête. Lorsque la très bonne note que je vise n’est pas obtenue, alors, je doute de moi et je pleure ; lorsque à l’hôpital, les choses ne sont pas bien passées, je pleure à nouveau… Non, ce n’est pas simple si je suis passée de première année en 2e année, de la 2 e année, en 3e année, de la 3e année, en 4e année, de la 4e année, en 5e année, je rends grâce parce que si j’ai eu à pleurer, tant que je vis, tant que je persévère, je ne dois pas perdre l’espoir et je vais toujours me battre !

Je me souviens, c’est à l’hôpital, que j’ai compris que la vie n’est rien quand j’ai commencé à fréquenter les hôpitaux durant les stages : je vois que la vie n’est absolument rien et que le corps humain n’ est qu’une enveloppe et le corps n’est rien. Si le souffle de vie s’arrête, le corps n’est rien. C ‘est au Service de Réanimation que j’ai vraiment compris la valeur de la vie humaine. Ça m’a encore plus motivée. J’ai appris beaucoup dans ce service. Quand on est en situation réelle, on voit que la vie n’est rien parce qu’on peut mourir à partir de rien. Moi quand… Je ne savais pas qu’il y avait des conséquences même pour un accouchement, conséquences qui peuvent conduire au décès d’une mère qui vient juste à l’hôpital pour donner vie à un tout petit être. Ça m’a encore plus motivée, je me dis qu’il faut que je me batte jusqu’au bout pour avoir ce diplôme, non seulement pour être Docteur, mais aussi pour réussir la spécialité que j’ai choisie. Et l’objectif pour lequel j’ai choisi de faire ce métier, il faut que je puisse l’atteindre.

Moi je n’ai pas choisi la Médecine pour de l’argent parce qu’il n’ y a même pas d’argent en Afrique chez nous ici, il n’y a pas d’argent dans la Médecine, et surtout dans le milieu hospitalier. Ce qui fait que ceux qui ont choisi de faire la Médecine pour de l’argent, préfèrent choisir des spécialités comme la Fonction Publique : nutritionnistes, épidémiologistes etc…

« Pouvoir aider. »

Il n’y a pas de plus belle action que de sauver la vie ! Apporter un petit plus pour que quelqu’un puisse trouver à nouveau la santé. C’est pour ça que j’ai choisi la Médecine. Et vous, MCS, vous avez accepté de m’accompagner. Vous avez cru en moi. Je ne vais jamais oublier ! Je serai fière parce que j’ai eu la chance d’avoir des gens qui m’ont accompagné dans mes études, dans ce métier, dans mon rêve, qui veulent à tout prix que ce rêve se réalise.

Grâce à vous je suis devenue aujourd’hui ce fleuve-là, et je sais que demain je deviendrai plus que ce fleuve, je deviendrai un océan.

Je rends grâce pour la chance en vous disant merci, merci pour tout pour tout ce que vous faites pour moi et sachez que tant que le Dieu continuera à m’accorder, le souffle de vie, vous pourrez être fier de moi. Vous ne regretterez pas ce soutien que vous m’avez apporté et que vous continuez de m’ apporter. Ce médecin, ce grand médecin là, je le deviendrai. Ce Doctorat Médecine, je l’aurai d’ici deux ans et demi. J’ai l’habitude de dire deux et demi aussi, je mets demi dedans, pour moi c’est le temps de réparer, et de soutenir. Ce doctorat et cette spécialisation, je l’aurai

Je deviendrai un grand Médecin Spécialiste, honnête surtout, qui fera bien son métier, sans rien attendre en retour. C’est ma prière, c’est ce que je demande jour et nuit à Dieu, que je devienne un bon Médecin, honnête.

Vraiment merci énormément, merci beaucoup, beaucoup, beaucoup pour tout ce que vous faites pour moi.

Merci énormément pour ce que vous faites pour des orphelines comme nous. Nous n’avons rien demandé, mais je crois en ce Père des orphelins. Je confirme qu’il est le Père des orphelins à travers ma vie et la vie de mes sœurs.

Il y a une chose aussi, j’ai toujours dit que je voulais faire la Cardiologie, mais cette Cardiologie ne me passionne plus. Je prévois actuellement faire la Traumatologie. Je veux vraiment faire ce métier. Je suis plus à l’aise dans ce qui concerne les fractures, les entorses,… Tout ce qui concerne les os du corps humain : la Trauma, l’Orthopédie…

Mon but ne changera pas. Ce but sera de sauver des vies demain.

Ce récit je tenais à le partager avec vous présentez ma gratitude, à vous dire mille mercis pour tout. Car grâce à vous, je peux croire en l’humanité, parce que certaines personnes sont inhumaines. Je suis chanceuse, mes sœurs et moi sont chanceuses de vous avoir à nos côtés. Rares sont les gens qui ont voulu notre réussite, alors que vous avez fait beaucoup pour nous. Car même mon père ne n’a pas pu faire pour moi. Je ne le blâme pas, parce que il est parti trop tôt. Ce que ma maman aussi n’a pas pu faire pour moi, vous le faites. Hélas, ils ne seront pas là pour voir la femme que vous êtes en train de façonner en moi. Mais je sais que vous serez fiers de moi et de de mes sœurs. Merci pour tout, de nous avoir choisi parmi tant d’autres, car des orphelins, il y en a plein, plein, plein, plein dans le monde !….

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